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TAKINOA - Food for Joy.
Avoir une hygiène de vie irréprochable (rires) ! J’anticipe en effet la structure de mes journées et entretiens de nombreuses routines : je me lève à heure fixe, je commence mes journées professionnelles toujours de la même façon, j’exécute le même rituel pour m’habiller et manger notamment.
En ayant un planning une semaine à l'avance, je peux m'organiser de manière opérationnelle et optimiser mon temps. Je sais ce que je dois faire, comment et où je vais le faire. Ainsi, je peux laisser une petite place à l'improvisation. Je fais aussi beaucoup de sacrifices : je commence à travailler à 7 heures du matin et je termine entre 21 et 22 heures. J'accepte aussi de ne pas avoir de vie de famille, de ne pas passer mes soirées à sortir, à voir des amis ou à regarder des films, mais de les consacrer à mes tâches. Heureusement, mes passe-temps sont devenus mes affaires, donc je ne peux pas vraiment me plaindre.
Comme une série d'opportunités, même si cela a toujours été présent en moi. J'avais 12 ans lorsque j'ai vu le premier graffiti apparaître sur un mur de Fribourg. J'ai d'abord essayé de faire des graffitis moi-même sans être très doué. Puis, j'ai commencé à aider les autres à exposer ou à obtenir des autorisations, ce qui m'a aidé à clarifier mes idées et m'a amené à organiser une première exposition, puis plusieurs autres. Je ne dis pas souvent non à des projets, ce qui m'a ouvert des portes pour rencontrer des artistes. C'est parce que je suis nul en graffiti que j'ai maintenant des galeries !
Depuis tout petit, j’ai eu à portée de main différents types d’aliments relativement sains. Ma famille n’avait pas beaucoup d’argent mais notre jardin était immense, tout comme chez la majorité de habitants de mon village de la campagne fribourgeoise. J’allais régulièrement aider mes parents ou mes grands-parents à récolter des fruits et des légumes. À 4 ou 5 ans, j’arrachais les mauvaises herbes et j’allais manger des petits pois ou des framboises en cachette. Dans les années 80, dans ma région en tout cas, c’était un vrai circuit court. Il n’y avait pas d’aliment déjà préparé ou transformé. Nous allions à la laiterie chercher le lait et chez le boulanger en visite de classe ! Nous habitions dans une maison d’usine qui faisait aussi boucherie ; le cochon que nous mangions avait été tué devant notre porte quelques mois auparavant. Nous allions aussi au congélateur communal amener notre récolte de petits pois, les haricots préalablement blanchis et mis dans des sachets qui formaient de petites portions prêtes à y être stockés.
Je me souviens que chaque été, mes parents accueillaient un enfant de la banlieue parisienne. Une petite fille m’avait particulièrement marquée car elle ne savait pas ce qu’étaient des petits pois et je m’en souviens avec émotion.
Puis adulte, en travaillant au sein de mon agence puis de ma première galerie, j’avais beaucoup moins de temps pour cuisiner et ai donc connu la vague fast-food, avec des plats préparés malheureusement devenus la norme plutôt que l’exception.
Jusqu’à mes 20 ans, j’étais extrêmement athlétique et faisais de 1 à 2 heures de sport par jour. En 2010, je suis tombé dans un mode de vie sédentaire qui m’a fait prendre plus de 20 kilos.
J’ai beau eu faire des actions radicales comme arrêter de boire des boissons sucrées qui m’ont fait perdre du poids, j’avais de plus en plus de problèmes de santé tels que des douleurs aux articulations, dans la colonne, un genou avec beaucoup d’arthrose qui a nécessité sept opérations. J’ai aussi connu des problèmes de digestion, de transit et des maux de tête régulier. Je ne pouvais que constater toute une série de problème dont je n’avais pas connaissance plus tôt. Je me sentais de moins en moins performant. Je suis allé faire des analyses après avoir fêté mes 40 ans et le résultat était catastrophique. Le corps médical m’a diagnostiqué une spondylarthrite, de la polyarthrite rhumatoïde et une inflammation chronique.
En remède à cela, il m’a été donné des opiacées comme antidouleurs ainsi qu’un médicament pour l’estomac étant donné qu’il serait affecté par les opiacées puis un médicament pour le foie car le médicament pour l’estomac abimait le foie. Et j’ai dit NON. J’ai suivi mon ex-femme qui était en pleine recherche de mieux se nourrir car elle avait une maladie de crohn. J’ai tenté l’expérience d’un régime végane en étant extrême strict les six premiers mois. Le bénéfice de ce changement d’alimentation a été drastique bien que très intense les premiers temps. Je devais radicalement modifier mes habitudes nomades ; j’ai complètement éliminé la viande, le gluten et l’alcool que j’avais déjà raillé de la carte. Quand je suis retourné faire des analyses quelque temps plus tard, les médecins ont pensé s’être trompés dans les premières analyses.
Mon poids est quasi identique à celui que j’avais il y a plus de vingt ans et cela sans efforts ! Je grignote beaucoup de noisettes et d’amandes et mange des bonnes portions. Je m’autorise certains jours une plaque de chocolat et de temps à autre du poisson car j’adore la cuisine japonaise ! Une fois par année, à l’occasion de mon anniversaire, je mange une raclette au feu de qui me réjouit !
Au niveau des douleurs j’en ai presque plus. Il n’y a pas de progression côté spondylarthrite, je n’ai plus du tout de polyarthrite ni de douleurs aux articulations qui me relevaient la nuit. Je dors sans problème, je n’ai plus de maux de tête ou autre rhume des foins qui m’embêtait trois mois dans l’année.
Avec un sommeil profond et régulier, j’ai beaucoup plus d’énergie pour faire l’ensemble de mes tâches. Les efforts liés à mon régime alimentaire sont très faibles par rapport aux bénéfices qu’il m’apporte.
Tous les matins, je me régale d’un yaourt au soja avec du riz soufflé non traité, naturellement sucré avec une banane, une pomme et un kiwi et un peu de beurre de cacahuète (sourire).
Pour les autres repas, j’apprécie les pâtes sans gluten avec du pesto ou une sauce tomate aux légumes, des salades et, en cas d’extrême urgence, je peux me refaire un petit déjeuner (rires) !
Certaines cheffes de cuisine végétarienne avec qui j’ai eu l’occasion de collaborer ont le talent de réinventer des plats et d’amener de la couleur dans nos repas. Elles « upgradent » ainsi une cuisine plus traditionnelle.
Je pense aussi qu’amener de la couleur dans sa vie quotidienne avec des tableaux qu’on apprécie chez soi et qui transmettent des valeurs positives peut constituer une vraie plus-value. Le choix de ses habits peut aussi nous influencer positivement. Il y a une période où je m’habillais beaucoup en noir mais désormais j’aime porter des couleurs qui permettent de m’évader. Tout comme ma voiture turquoise et mes lunettes de différentes couleurs me le permettent !
Je me suis toujours senti très différent. Je ne me sens d’ailleurs toujours pas à ma place. J’ai appris avec le temps à aimer ma différence et à assumer mes choix sans les revendiquer mais à en être fier. Quand tu es le seul de ton village ou de ton école à t’intéresser aux graffitis et quand tu es le seul à t’habiller en rose, on se confronte à des critiques et à des incompréhensions. Il n’y a pas plus tard qu’un mois, je suis allé faire un pitch dans un fonds d’investissement avec une veste Pink et des personnes m’ont ensuite relaté que j’avais choqué tout le monde. Je m’étonne de constater que ce type d’établissement cherche à investir dans des entreprises avec des gens qui pensent différemment mais qu’ils partent quand même de l’idée que les personnes qu’ils engagent devraient leur ressembler. J’ai souvent ressenti de l’incompréhension alors que je défendais un certain type d’art et c’est un peu le même sentiment par rapport à mes choix alimentaires. J’avais déjà vécu ça avec l’alcool que je ne consommais déjà pas ; une fois dans un bon restaurant la serveuse m’avait apporté un thé chaud en pensant que j’étais malade étant donné que je ne buvais pas d’alcool ! Cela montre l’état d’esprit. Même chose au restaurant on dépose généralement le plat que j’ai commandé à ma voisine de table si c’est une femme. Les gens ont l’impression que je me prive du coup je reçois des regards compatissants. Pour l’éviter, je justifie désormais mes choix de plats et mon régime végane et sans gluten par des raisons médicales. Les restaurateurs sont ainsi plus à l’aise de me préparer ce qu’ils veulent.
Je ne sais pas si j'ai envie de faire bouger les choses car chacun a le droit de manger ce qu'il veut. Je n'ai pas envie d'être une emmerdeuse dans un restaurant spécialisé dans la viande et d'imposer mes choix aux autres. Je pense que c'est plutôt une question de prise de conscience que l'alimentation a des conséquences sur la santé. On a observé avec le Covid-19, que la majorité des patients qui rencontraient des problèmes avec le Covid long les avaient dus à une mauvaise alimentation. Ils étaient en surpoids ou menaient un mode de vie éprouvant. Ce n'est pas pour rien qu'on nous interroge sur notre poids lorsque nous demandons une assurance maladie. Je pense qu'il s'agit d'un problème de santé publique et qu'il est grand temps de promouvoir une alimentation saine. Les gens doivent oser manger différemment et se rendre compte des avantages. Quand des amis viennent dîner chez moi, ils sont presque surpris que ce soit si bon et si varié ! Je suis fière de leur dire que toute la nourriture indienne et asiatique, en particulier, correspond à mes habitudes alimentaires.
